Guy Maugey : un vigneron de l’Auxois au caractère résolument bourguignon !

Un paysage construit par son histoire.

« La vigne reste présente partout en Auxois, même où on la voit plus » aimait à dire le docteur Jean François Bligny. Cette vérité est particulièrement visible à Thorey-sous-Charny, petit village de 200 habitants, niché au cœur de la Bourgogne, situé à quelques encablures de Pouilly-en-Auxois, voisin du château d’Eguilly.
Cette bourgade bourguignonne est vigneronne depuis des temps immémoriaux. De mémoire de gourmet, les vins produits à Thorey n’ont jamais eu à rougir de ceux produits par les proches cousins de la Côte.

Le Comte Pierre de Beaufremont, seigneur de Thorey (XVe siècle), chevalier de la Toison d’Or, amateur de bons vins, possédait des vignes à Corton et… à Thorey-sous-Charny.
En l’an II, l’administration impose que le vin de Thorey soit vendu à un maximum de 8 sols la bouteille alors que celle de Beaune l’est à 10 sols.

Le Docteur Denis Morelot – auteur du premier ouvrage consacré aux vins bourguignons (1831) – disait des vins de Thorey : « Les coteaux bien exposés sont plantés en noiriens (pinot) : rouges, gris et blancs… Le vin qui sort d’un climat nommé la Thoisse (sic) est de bon goût franc, ferme, coloré et peut se garder huit à dix ans. »

C’est précisément sur un coteau qui surplombe la ferme, dite de la Touasse, que la famille Maugey cultive deux arpents des quatre hectares du vignoble local depuis trois générations. Guy, le troisième du nom, perpétue la tradition familiale.

Le paysage de Thorey-sous-Charny est construit par son passé viticole.

Entre la cabote et les murgers effondrés, sous les frondaisons du petit bois qui borde le vignoble, le visiteur se laissera aller aux rêveries, d’un passé multi centenaire, fait d’égrappage, de foulage aux pieds, de dos courbés, des rires et des chants des coupeurs et porteurs qui annoncent la belle récolte.

Ici, comme ailleurs en Bourgogne, les bons crus sont issus des vignes plantées sur les coteaux : les Côtes.  Celle de Thorey accueille ses vignes sur des pentes bien exposées – du levant au couchant – aux rayons d’un soleil chaleureux. Elles prospèrent là, sur des terres marneuses du Jurassique (lias supérieur) enrichies des débris des plateaux calcaires qui les surplombent à 486 mètres.

D’ailleurs, ici aussi, elle se mérite… la côte ; et elle à un nom : la rue de la ruée de la cale !
Ce nom évoque ici tout le sens de cette terre porteuse d’histoire viticole, qui est généreuse à proportion des efforts du vigneron.

Une ancestrale tradition vigneronne.

« Le Domaine de la Ruée de la Cale », est un hommage rendu à ses ancêtres paysans-viticulteurs.
De ce nom, résonnent encore les claquements secs des sabots des chevaux s’agrippant aux pierres des chemins pentus, tirant les charrettes lourdement chargées des précieuses grappes fraîchement coupées. Des tombereaux que l’on devait caler pour permettre aux forts traits d’Auxois de reprendre force pour, d’une puissante ruée, gravir encore quelques mètres jusqu’à la prochaine cale.

Cette belle histoire de famille vigneronne, Guy Maugey la perpétue. Très jeune, il fit ses universités dans les plus grands domaines de la Côte viticole bourguignonne auprès de maîtres de chais, de culture et d’œnologues prestigieux. En 2006, estimant avoir acquis les compétences requises, il se décide à commercialiser les vins de son propre domaine. Il propulse alors le bon vin de pays de grand-père, vers les canons gustatifs des délicats crus bourguignons.

Ces bons vins sont-ils labellisés bourguignons ? Pas encore ! De malins jeux d’intérêts contrecarrent toujours la reconnaissance par l’INAO de l’indéniable qualité bourguignonne des vins produits en Auxois.
Qu’importe, le vigneron auxoilé porte haut l’étendard de son terroir : depuis 2012, leurs vins sont reconnus Indication Géographique Protégées : vins d’Auxois.

Ce que l’administration ne sait reconnaître, le fin gourmet le peut ; s’il n’est pas de Bourgogne, ce vin peut être fier d’être bourguignon.

Pour continuer : Le vignoble